La commune de Seix en Couserans
Blason de Seix La commune de Seix en Couserans Blason de Seix



Agenais ou Ariégeois ?

Extrait de la Revue Généagenais n°35


Je pourrais aussi dire Verdier ou Commenge ?

Telles sont les incertitudes de la généalogie, mais venons-en au but de cette interrogation.

Je m'appelle Verdier et suis né à Agen en 1952 ainsi que mon père en 1920, mais là ou la question se pose c'est au niveau de mon grand-père qui a toujours été connu sous le nom de Verdier, mais qui n'est pas né sous ce nom là !
En effet sur les registres des actes de l'état civil de la ville d'Agen de l'année 1883 à la date du 10 janvier, l'acte n°9 mentionne la déclaration de naissance rue Bergès à 1 heures du soir, de Cominges [avec faute d'orthographe] Alexandre Albert, par la sage-femme Félicie Lapoujade épouse Gaillac âgée de 27 ans. Celui-ci est dit fils de père inconnu et de Catherine Cominges, sans profession, célibataire, âgée de 25 ans native de « Sèges » (Ariège) [là aussi faute d'orthographe].

Toujours sur cet acte, dans la marge :
- reconnu par acte le 15 f évrier 1883 par Catherine Cominges sa mère. [1 mois après, procédure tout à fait normale].
- Par acte de mariage passé à la mairie d'Agen le 2 février 1885, l'enfant désigné par l'acte ci-contre a été légitimé par Marc-Paul Verdier et Catherine Commenge [nouvelle version !], ses père et mère [tiens, voilà le père !]. Agen le 29 janvier 1894 [la transcription a mis 9 ans ! pour aller de Agen à ... Agen.]
- Marié à Agen le 25 novembre 1908 avec Honorine Maurion. [mention aussi normale].

Voilà que j'en sais un peu plus, et je m'intéresse maintenant à l'acte de mariage de ses parents.

Celui-ci a bien lieu à Agen le 2 février 1885 à 4 heures du soir :
- d'une part, Marc-Paul Verdier, boulanger fils de Raymond Verdier, maçon ici présent avec lequel il habite à Agen et de Louise Prudence de Gironde décédée à Agen le 23 avril 1884. Né à Laroque [-Timbaut] le 29 mai 1852.
- Et Catherine Commmenge, ménagère domiciliée à Agen, de Pierre Commenge-Balatre, cultivateur et de Marie Gaston Soulatre, ménagère, domiciliés à Lectoure (Gers) ici présents, née à Seix (Ariège) le 9 juin 1856 d'autre part.
- Lesquels ont passé un contrat de mariage hier chez Me Barrère, etc... sont unis par le mariage.
- Et aussitôt les époux nous ont déclaré qu'il est né d'eux un enfant du sexe masculin inscrit sur les registres de l'état civil de cette ville à la date du 10 janvier 1883 sous les noms et prénoms de Commenges Alexandre Albert, lequel enfant ils reconnaissent pour leur fils et le légitiment.
- Comme témoins : Joseph Périssé maçon, 38 ans, Alexandre Gillet employé au chemin de fer, 30 ans, Jean Dugarcin, serrurier, 69 ans, Désiré Dugarcin, charron, 48 ans, tous domiciliés d'Agen. Les témoins ont signé avec le père de l'épouse, les autres ne sachant

Ce couple aura d'autres enfants :
- Madeleine née en 1886 qui s'établira à Périgueux avec son mari.
- Georges en 1887 mort à la guerre de 14/18.
- Maria-Valérie en 1890 qui ne vivra pas.
- Raymond en 1891 que j'ai connu.
- Jean en 1894 que j'ai connu.

Donc Alexandre Albert a été conçu en 1882 aux alentours de fin avril début mai et la question que je me pose : Marc-Paul et Catherine Commenges étaient-ils à Agen à ce moment là ? et pourquoi ne se sont-ils pas mariés plus tôt ?

Elle, arrive de l'Ariège, lui, de Laroque-timbaut, ils se rencontrent, font un enfant, elle accouche seule ne donnant pas l'identité du père [alors qu'elle devait la connaître] et se marient plus de 2 ans après et reconnaissent cet enfant ! C'est quand même curieux. [un vrai conte de fée !].

Remontons le temps et recherchons car plusieurs hypothèses se présentent à moi :

1°) les parents de Marc-Paul.
Raymond Verdier, maçon est né le 21 novembre 1816 à Laroque, il s'y marie le 30 juin 1844 avec Anne Caussat de Frespech, ils ont une fille Marie née le 15 avril 1846. Anne Caussat décède le 17 novembre 1849.
Raymond veuf avec une fillette se remarie le 11 juin 1851 en présence de ses parents avec lesquels il cohabite, avec Marie Louise de Gironde sans profession née à Saint-Urcisse dont les parents sont décédés au Castella et demeurant au lieu dit Gauny à Laroque. [Encore une question : un veuf avec une descendante de la noblesse, il doit y avoir une raison].
Ce couple aura d'autres enfants en plus de la petite Marie [qui fera parler d'elle en épousant son cousin germain !], tous nés à Laroque:

- Marc-Paul né en 1852 comme il a été dit plus haut.
- Jean et Jean-Achile des jumeaux en 1855 qui ne vivront pas.
- Adèle en 1859 qui ne vivra pas.
- Julien en 1860 qui ne vivra pas.
- Louis en février 1862 qui n'aura que 2 filles établies à Agen et que j'ai connues.

Et, c'est bien plus tard et par le pur des hasard que, en consultant les registres de naissances d'Agen, j'ai trouvé un acte qui pouvait me donner peut-être une explication, en effet :
le 14 octobre 1850 est né Jean-Victor Gironde de père inconnu et de Marie-Louise Gironde journalière, 24 ans, native de Saint-Urcisse et domiciliée à Laroque-Timbaut, né au 21 rue Saint-Pierre chez la sage-femme qui l'a déclaré. [je ne sais pas ce qu'il est devenu, je n'ai rien trouvé d'autre pour l'instant]. [a ce moment là les parents de Marie-Louise étaient décédés depuis peu, sa mère en 1847 et son père en mai 1849].
Voilà, elle a été fille-mère et a dû en souffrir, rejetée par les siens elle s'est résolue à épouser un veuf et peut-être qu'elle n'a pas voulu que son fils soit dans la même situation et lui a tout simplement interdit de régulariser en se mariant. Mais dès qu'elle est décédée, celui-ci a racheté sa faute.

2°) A quelle date Raymond descend à Agen avec sa famille ?
D'abord relisons l'acte de décès de Marie Louise Prudence de Gironde, il est daté du 23 avril 1883, dans lequel, en dehors de ce que nous savons déjà, elle est décédée à 1h du matin place des Jacobins, âgée de 62 ans.
Donc en 1883, ils habitent place des Jacobins.

Recherche sur les recensements de la ville d'Agen :
déjà en 1866 au 11 rue Porte-Neuve habitent :
- Verdier Raymond maçon, 48ans marié
- Barbier Marie épouse, 43 ans sans profession [erreur sur le patronyme, voulue ou faite inconsciemment ?].
- Verdier Marie fille 20ans
- Verdier Paul garçon 14 ans
- Verdier Louis garçon 4 ans. [ce sont bien les miens].

Je peux conclure qu'ils sont arrivés à Agen entre 1862 et 1866, donc Marc-Paul était bien là en 1882.

Maintenant penchons-nous sur Catherine Commenge, nous savons qu'en 1883 elle accouche à Agen rue Bergès, nous savons aussi que ses parents habitent Lectoure en 1885, en quelle année est-elle arrivée à Agen ?
Le couple Pierre Commenge et Marie Gaston arrivent de l'Ariège et plus précisément de Seix dans le Couserans.
J'ai eu encore de la chance car une opportunité m'a permis de pouvoir être hébergé à Seix et de pouvoir compulser les registres de la mairie et aussi d'aller à plusieurs reprises aux archives départementales à Foix.

Ils sont encore là bas fin 1861 à la naissance de leur neuvième et dernier enfant, Théodore.
Pierre Commenge est le garde-champêtre du village et signe comme témoin tous les actes d'état civil depuis plusieurs années. Son dernier acte qu'il signe est du 29 mars 1865.
En 1867 sa soeur Jeanne habite à Agen et donne par procuration chez le notaire tous pouvoirs au frère de son mari pour vendre ses biens lui restant à Seix.
Là je peux en déduire que Pierre est déjà parti, sinon la procuration aurait été pour lui. Un autre acte en fait de même pour son autre soeur Madeleine qui habite Cadillac en Gironde. Quant à ses biens propres à Seix, je n'ai encore rien trouvé qui pourrait me donner une date et un lieu de domicile.
Donc je suppose qu'il est parti avec sa famille entre 1865 et 1867 pour aller vers à Lectoure où en 1884 il achéte une petite maison cours d'Armagnac.

Mais une autre indication nous est donnée par les registres d'Agen :
le 10 février 1881 c'est le mariage de Gillet Alexandre [tiens, premier prénom de mon grand-père !] employé au chemin de fer [un des témoins du mariage de Marc-Paul] domicilié à Agen, avec Commenge Marie, fille de service, domiciliée à Agen, fille de Pierre Commenge terrassier et de Marie Gaston Soulata, domiciliés à Lectoure et native de Seix. [en 1881, ils sont à Lectoure].
En consultant le recensement de 1906 j'ai découvert par hasard que Jeanne Commenge née en 1853 dans l'arrondissement de Saint-Girons vivait au 3 impasse Viala avec Périssé Louis son fils né en 1891 à Agen et que le couple Marc-Paul Verdier-Catherine Commenge et leurs fils Raymond et Jean sont au N°2 ! [les 2 soeurs habitent à côté].
Dans l'acte de mariage de 1885, le témoin Joseph Périssé, ne serait-il pas le beau-frère de la future ? Tout me fait penser à le croire.

L'étau se resserre, sa tante Jeanne habite Agen depuis au moins 1867, sa soeur cadette s'y marie en 1881, son autre soeur est l'épouse d'un Périssé, sûrement le témoin du mariage, tout concorde à ce qu'elle ait pu être à Agen en 1882 et rencontrer Marc-Paul
Si c'est le cas, elle devait être belle l'ariègeoise et bien entreprenant le boulanger.

Pour conclure et répondre à ma premiàre question :
Agenais ? oui ! [par le nom].
Ariègeois ? aussi ! [par le sang].

Jean-Pierre VERDIER



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